Daniel Patrick Welch - click to return to home page


    English versions 
Arabic versions - Saudi Arabia Catalan versions Croatian versions Czech versions Danish versions Nederlandse versies Finnish versions Versions Françaises Galician versions German versions Greek versions Indonesian articles Le versioni Italiane Japanese versions Urdu versions - Pakistan Polish versions Portuguese articles Romanian versions Russian versions Serbian articles Las versiones Españolas Ukrainian versions Turkish versions

 

 

 

A bout portant :
Le Vice Président qui tire plus vite que son ombre met la Gauche dans tous ses états

(2/06)

Synopsis :

L'info, pas vraiment cruciale, fait le tour du monde : Dick Cheney a trouvé le moyen de tirer sur un riche supporteur de Bush lors d'une partie de chasse. La gauche, bien sûr, s'en donne à cœur joie sur cette histoire ; Daniel Patrick Welch aussi, en feignant de ne pas se joindre à la curée. Ce sont peut-être clopinettes comparé aux crimes odieux perpétrés par Cheney sur les cinq continents, mais cela en dit long sur la culture des armes à feu aux Etats-Unis, et propose une intéressante métaphore de l'administration terroriste de George Bush : le gang des flans-tireurs.

La plupart d'entre vous sont déjà au courant : je n'ai jamais été un grand fan du Vice-Président. Je l'ai souvent confondu avec Lon Cheney et, c'est vrai, Il m'est arrivé de l'avoir en ligne de mire,... enfin, façon de parler. Mais je trouve déraisonnable le flot de moqueries imméritées déversées par la médiacratie gauchisante sur Cheney et son malheureux accident de chasse. C'est vrai, c'est qui la victime ici? Le Vice-Président, qui fut privé de l'occasion de suivre un véritable entraînement de tireur d'élite au Vietnam pour la simple et bonne raison qu'il avait d'autres priorités? Ou alors quelque riche Texan (conservateur et avocat de son état - sans blague ?) qui a eu la mauvaise idée de partir à la chasse avec ce bon vieux Dick " tous aux abris! " Cheney? 

La poilade, ça va bien cinq minutes. On ne peut pas continuer à tirer à vue comme ça sur un pauvre fonctionnaire ayant renoncé à sa lucrative situation chez Halliburton dans le seul but de servir son pays, en facilitant pour cette même entreprise l'obtention de marchés sans appels d'offres. Voilà un homme si dur à la tâche qui lui a été confiée au nom du peuple qu'il a dû sacrifier de précieux jours de travail pour aller s'acheter une villa dans le Maryland alors que Katrina ravageait la côte Sud-et en plus les gens se moquent de lui. Cela tend à prouver que, même après une vie passée à se construire une réputation, il suffit d'une erreur de quelques centimètres pour que tout ça vous explose en pleine poire. A mon avis, ce coup-ci, la poire, c'était plutôt Wittington. Mais y a -t-il encore ici quelqu'un pour poser les vraies questions? Qu'est-ce qu'il faisait là, habillé comme ça, à cette heure-là, ce jour-là, quelle que soit la vraie date, avec un Vice-Président comme ça ? Suis-je le seul à penser qu'il pourrait l'avoir cherché ? Enfin, je ne vais pas jusqu'à dire qu'il n'attendait que ça ; mais bon, qui irait à la chasse avec " Tous aux abris ! " Cheney ? Quand même! Tout le monde sait pourquoi le club de golf n'a pas jamais laissé rentrer Tony Soprano, si vous voyez où je veux en venir. Quand on tient à sa santé, on n'aime pas trop se balader avec de dangereux criminels. Attention à la balle!! Qu'est-ce qu'elle a à dire là-dessus, la soi-disant presse ? 

D'un autre côté, avec le recul, on peut se rendre compte que dans la résidence secrète et sécurisée de Cheney, le seul à être vraiment en lieu sûr, c'est le Vice-Président lui-même. J'admets que Tony Scalia, lui, s'en est plutôt bien sorti. Il n'a même pas eu à se faire récuser, et encore moins tirer dessus. Et puis, tout le monde connaît le dicton : garde tes ennemis à tes côtés, et allume tes amis en pleine poire. Ou quelque chose comme ça. Je sais, je sais, on raconte partout que Cheney est un fou de chasse. Mais je n'arrive pas à me le figurer crapahutant dans les fourrés, avec ses Gucci à 900 dollars aux pieds. J'ai sans arrêt à l'esprit ce sketch des Monty Python où le roi a un lanceur de ball-trap amélioré qui catapulte un paysan à chaque fois qu'il crie " pull ! ".

Je voudrais juste que, sur l'affaire Cheney, les critiques de gauche auto-désignés arrêtent de tirer dans le tas comme ça, systématiquement. Ca pourrait n'être qu'un banal accident : après tout, comme le faisait remarquer Tom Lehrer dans ce mot resté célèbre, à la chasse, des tas de gens tirent sur leurs amis parce qu'ils ressemblaient à s'y méprendre à... "un cerf avec un chapeau tout rouge?" Et la gauche bien-pensante d'en rajouter encore et encore, comme si eux n'avaient jamais tiré sur un ami. L'une après l'autre, les baudruches de droite nous l'ont affirmé : apparemment, ça arrive tout le temps. Nous on n'y connaît rien parce qu'on a la liberté en horreur ; damned ! Et ma femme et moi qui n'avons même pas d'arme à la maison ! Et selon Anne Armstrong, Républicaine bon ton et propriétaire du ranch où, a-t-on appris un peu tard, l'incident s'est déroulé, ça n'était vraiment rien de méchant. " Il s'est fait pas mal assaisonner ", voilà tout ce qu'elle a déclaré à propos de l'impudent homme de loi que Cheney a trouvé sur sa trajectoire. Mais sur celle-là, j'ai un peu de mal. C'est vrai, hier soir j'ai mangé un bol de nouilles chinoises qui étaient pas mal assaisonnées, mais ni moi ni ma soupe n'avons fini héliportés vers l'hôpital le plus proche.

D'ailleurs, accident ou pas, qu'est-ce que ça change? Qui s'est seulement rappelé la haine entretenue par le cartel de Bush envers tout avocat qui ne travaille pas présentement sur des affaires de pots-de-vin, de fraude électorale ou de crimes de guerre pour leur compte? Et quid de l'autre adage-mais si, vous savez " un bon avocat en pleine poire vaut mieux que deux tue-Laura (et George) ". Je n'arrive jamais à ressortir ces dictons correctement. Mais c'était peut-être ça justement : une sorte de coup de semonce, si vous voulez, en direction des hommes de loi. Après tout, on est en 2006, et Bush et sa ménagerie auront un paquet d'avocats à tenir en joue s'ils veulent éviter la prison. Cheney n'a rien fait d'autre que remplir le rôle de chevau-léger-ou plutôt de porte-flingue-qui incombe à tout Vice-Président ; pas de quoi en faire tout un plat. Peut-être a-t-il confondu Wittington avec Pat Fitzgerald : je suis certain que le Vice-Président connaît les noms qui figurent sous le sceau de ce fameux acte d'inculpation.

Mais toutes ces spéculations plombent le débat, si j'ose dire, et nous empêche de cibler correctement le cœur du problème. Plutôt qu'à protéger Bush ou Cheney personnellement, cela visait peut-être un intérêt supérieur. Comme la plupart des gens réfléchis (et à peu près tout le monde s'accorde à dire que lui, contrairement à son "patron", serait peut être effectivement quelqu'un qui pense, fût-ce tout le temps à mal), Cheney a dû tiquer lorsque Bush a déclaré à un parterre de soldats : "moi aussi j'ai une blessure." Même pour le Dark Vador de cette administration, comparer une égratignure faite en débroussaillant aux mutilations subies par les pauvres gamins qu'on a envoyé à sa guerre ne doit pas paraître du meilleur goût. Peut-être, je dis bien peut-être-mais croyez-vous que la presse de gauche en parlerait ?-peut-être " Tous aux abris ! " Cheney cherchait-il simplement à redonner un peu de prestance aux blessures d'une élite aussi prompte à envoyer les enfants des autres au casse-pipe qu'elle le fut à éviter elle-même le service militaire. Vous voulez du risque ? Vous voulez du danger ? Vous voulez de l'authentique ? Qu'est ce que vous diriez d'une bonne décharge en pleine tête ? Prends ça, 50 cent ! Evidemment ça sonnerait plus vrai si Cheney s'était tiré dessus... Là c'est du juste! Et sans protection en plus ! Prends ça, Tom Tolles!

Et il y a, bien sûr, tout le blabla sur les raisons pour lesquelles l'incident a été rendu public si longtemps après. Typique de la gauche et de ses jérémiades dissimulationnistes. Je suis sûr que tous ceux qui en avaient le droit ou le besoin ont été informés. Voyons voir : il y avait Wittington lui-même, forcément, ainsi que l'équipe médicale de Cheney. N'oublions pas non plus Madame l'Ambassadeur Strongarm. Et les gens essayent de faire monter la sauce à propos d'un trou de dix-huit heures. Je suis certain qu'une fidèle secrétaire va débarquer pour expliquer comment elle a réussi à faire disparaître ce laps de temps. 

Il y a malgré tout quelques critiques qui font mouche. Dans l' un des mails que j'ai reçus s'exprimait le reproche suivant : " J'ai pas de couverture sociale et ce fumier a une ambulance de garde ?? On est fou-tus ! " D'autres, pas défrisés, faisaient écho à la logique Soprano que j'ai résumée plus haut : "Eh, si tu traînes avec des gangsters, t'es sûr de te prendre une balle à un moment ou à un autre." Tout cela dénote quand même un manque de compassion certain à l'égard de ce pauvre Maître Wittington, ce qui pourrait ébranler le Château de Cartes Bush. Si on continue à lui reprocher de s'être fait tirer dessus, il pourrait leur faire une Abramoff ou une Brownie. La loyauté a ses limites.

Il y a selon moi une autre leçon à tirer de cette affaire : même si le monde entier menace de s'effondrer autour d'une Cosa Bushstra qui sur tant de fronts combat vérité et justice, Cheney arrive à point nommé pour prouver que le gang est encore capable d'abattre une ou deux cibles mouvantes, la cible fût-elle quasi-octogénaire. Et, dans le même temps, ils ont prouvé la pertinence de ce vieux cartoon de Gary Trudeau où Duke braque une arme sur le président de la NRA dans un bar. Duke le met en garde : " Faut pas t'approcher de moi comme ça, sans bruit, j'aurais pu te faire sauter le caisson. " Ce à quoi le chef de la NRA répond : " Je suis désolé, c'aurait été votre droit ". Et Duke d'acquiescer, évidemment : " Je sais, mais j'ai pas envie qu'le patron me vire. " Cette affaire offre à la droite une occasion d'unifier son agenda, et d'abandonner sa politique de la cannonière sur les questions intérieures, à base d'homophobie, de baisse d'impôts et de peur rampante. Imaginez la puissance que cela aurait : la protection des droits relatifs aux armes à feu, de longue date chère à la droite (sauf quand elles sont détenues par des gens basanés) combinée à cet objectif depuis longtemps caressé qu'est la privatisation de la Sécurité Sociale. Qui a besoin de la caisse de retraite ? Envoyez tous les plus de 65 ans à la chasse avec Dick Cheney! Et voilà le travail. Parce qu'au fond, mieux vaut revenir aux vérités élémentaires : les armes ne tuent pas, les Vice-Présidents, si.

© 2003 Daniel Patrick Welch. Reproduction et diffusion encouragées.
Traduction française militante de Yann Doulas

^  Top  ^


Welch vit et écrit à Salem, Massachusetts, USA, avec sa femme, Julia Nambalirwa-Lugudde. Ensemble ils font fonctionner The Greenhouse School Cet article a aussi été diffusé sur KFJC Los Altos Californie. Que les personnes intéressées à diffuser la version audio (enregistrement électronique disponible) veuillent bien contacter l'auteur. Welch parle plusieurs langues et est disponible pour des enregistrements en français, allemand, russe et l'espagnol à condition d'une traduction fiable, ou, sinon, pour des échanges téléphoniques dans la langue-cible. Il a aussi chanté et récité lors d'événements antiguerre et il est disponible (libre) pour un nombre limité d'engagements sous réserve de son agenda. D'autres articles, autocollants pour des manifestations à venir et d'autres "matériaux" sont disponibles sur : danielpwelch.com